Finalement, et le contraire aurait été étonnant, ce mercato qui ne devait pas bouger à Marseille selon Vincent Labrune a accouché d'une arrivée. Et presque d'un départ. Pour ce qui est du départ, on l'attendait, on le souhaitait même, tant voir Doria moisir sur le banc de touche ou en CFA2 nous peinait. On l'a dit et expliqué mille fois, la situation est intenable. Intenable pour lui, capitaine des Olympiques Brésiliens en préparation pour leurs JO, et intenable pour un Bielsa obligé de se justifier chaque semaine en conférence de presse alors qu'il avait tout dit la première fois. Il ne souhaitait pas l'arrivée de ce joueur et il est resté fidèle à sa ligne de conduite. Ses dirigeants ont fait la sourde oreille à son opposition et il leur a rendu la monnaie de leur pièce, jusqu'à ce qu'ils tentent ce prêt, en vain.
Estampillé "liste des douze"
Toujours est-il qu'on commence peut-être à l'écouter, quand on voit qui arrive. Dans sa fameuse liste des douze, Marcelo Bielsa avait coché le nom de Lucas Ocampos, attaquant de l'AS Monaco. Et devinez qui a débarqué à la Commanderie en ce dernier jour de marché ? Ocampos lui-même, accompagné de son agent. Très bonne nouvelle pour tout le monde. Bielsa a son joueur, Labrune a fait un pas vers son entraîneur, les supporters voient arriver le prototype même du joueur qu'ils adorent (Argentin, jeune, dribbleur et souhaité par Bielsa), et enfin le joueur lui-même. Lui aussi était cantonné au banc, même s'il en sortait régulièrement. Tirer un trait sur la belle aventure de Monaco en Ligue des Champions pour rejoindre un entraîneur qui le connait et le veut, ça en dit long sur sa motivation. Le gamin est revanchard et souhaite rattraper le temps perdu : tout bénef' pour l'OM. Pourquoi ? Parce que le joueur est prêté avec une option d'achat (entre 10 et 14M€ selon les sources) automatique, qui ne se déclenchera qu'en cas de qualification directe en Ligue des Champions. En gros, pas de C1, pas d'argent, et Ocampos rentre sur le Rocher. Mais en cas de bonne nouvelle, l'OM disposera des ressources nécessaires pour s'offrir ce grand espoir du football argentin, mondial même. Car quoi qu'on en dise, à vingt ans seulement, il reste un grand espoir du foot mondial. Monaco est d'ailleurs allé le chercher il y a trois ans au nez et à la barbe des plus grands clubs européens lorsqu'il brillait avec River Plate à 17 ans seulement. Il a d'ailleurs fallu signer un chèque de plus de 11M€ et bonus (plus gros transfert de l'histoire en Ligue 2) pour un gamin qui n'avait que quelques matches de D2 argentine dans les jambes.
Le Cristiano Ronaldo argentin
À cette époque-là, la révélation Ocampos, considérée comme le futur Cristiano Ronaldo, signe son premier contrat pro et permet à son club mythique de retrouver l'élite, suite à l'accident industriel de la descente en D2, avec l'aide de deux vieilles connaissances : David Trezeguet et Fernando Cavenaghi. À Monaco, la mission sera d'ailleurs la même, faire remonter le club, ce qui sera fait illico. Un nouveau titre de champion de L2 plus tard, et cinq buts, il découvre la L1 avec une place de titulaire dans le onze de Ranieri, aux côtés de Falcao, Moutinho et consorts. Mais une demi-douzaine de matchs plus tard, le gamin sera victime d'un autre gamin, du genre doué lui aussi : un certain James Rodriguez. Incapable de s'imposer sur un côté, le Colombien conduit Ranieri à changer son 4-3-3 pour un 4-4-2 afin de le placer en numéro 10. Cette réorganisation condamne indirectement Ocampos à sortir de l'équipe, et il ne s'en remettra jamais vraiment. À l'inverse de son concurrent, le Belge Ferreira-Carrasco, aux caractéristiques identiques, mais peut-être un peu plus mûr dans cette bagarre du très haut niveau. C'est ce qu'a dû penser Jardim également, qui lui a réservé le même sort, bien que le faisant régulièrement entrer en fin de match.
Un mal pour un bien. Pour l'OM qui récupère un talent incontestable, déjà largement adapté au football européen, mais aussi pour lui, qui va travailler avec un entraîneur-compatriote dans un environnement on ne peut plus argentin-compatible. Dribble, vitesse, puissance... Ce jeune surdoué a tout pour faire rugir de plaisir le Vélodrome, et surtout, permettre à l'OM de rester placé jusqu'au bout dans cette course au podium, voire plus si affinités. Reste maintenant pour lui à se faire une place dans une nouvelle concurrence, celle des Thauvin, Alessandrini et Ayew. Pas facile non plus, mais on imagine mal l'OM avoir fait cet effort financier pour l'installer sur le banc... à côté de Doria.