Jean-Pierre Caillot et Laurent Nicollin, l’interview croisée !
Le site officiel est allé à la rencontre mardi et jeudi des Présidents du Stade de Reims et de Montpellier, amis au quotidien, pour avoir leurs regards sur les deux clubs, adversaires à Delaune ce vendredi. Interview croisée :
Comment jugez-vous votre début de championnat ?
Laurent Nicollin : Il aurait pu être pire, il aurait pu être meilleur. On a perdu à domicile, ce que l'on n'avait pas trop connu l'an dernier. On est champion de France, on a un autre statut, peut-être qu'inconsciemment les joueurs se sont mis un peu trop de pression. On retrouve un peu de fraîcheur et un peu de folie, souhaitons que cela se passe mieux les prochaines journées.
Et celui du Stade de Reims ?
LN : Je pense que quand on est promu, c'est compliqué. On se suit avec Reims au classement. Je n'en n'ai pas parlé avec Jean-Pierre mais il me semble que leur début de championnat est intéressant. Pour se maintenir tranquillement, il faut être régulier et prendre des points toute la saison. Mais il y a forcément une petite pression car Reims est un grand club.
Jean-Pierre Caillot : Comptablement on aurait pu avoir plus de points mais dans la manière je suis satisfait. Les garçons ont fait honneur à notre maillot. Il faut tenir compte des nouveaux joueurs que l'on devait intégrer et la découverte de la division pour certains autres. Il y a toujours un petit côté émotionnel qui se ressent dans ces cas là.
Mais d'une manière générale, sur ce que j'ai vu sur le terrain, il y a beaucoup de cohérence. Si on continue avec la même volonté, il y a beaucoup d'espoirs aussi.
Et celui de Montpellier ?
JPC : Pour eux c'est différent. La saison dernière, ils ont été constamment sous pression pour magnifiquement décrocher le titre de champions de France. Cela a été très fort car tout le monde attendait le PSG, ce qui veut dire que toutes les semaines ils avaient une pression au delà même du résultat. Mais de la même manière que nous avons vécu un mois de mai extraordinaire avec cette montée, ils ont vécu un mois de mai extraordinaire avec le titre. En ce début de saison, il fallait qu'ils passent le cap et qu'ils se remettent en question. Mais ça y est c'est fait je crois et c'est bien reparti pour eux (rires).
Mr Nicollin, Reims et Montpellier étaient ensemble en Ligue 2 il y a quelques années puisque vous êtes montés quand nous sommes descendus. Trois ans après vous êtes champions de France. Expliquez-nous comment vous avez réussi ce « truc » énorme en si peu de temps ?
LN : Je n'ai pas de recette miracle ! Notre groupe a dû varier de dix joueurs en cinq saisons. Des jeunes ont progressé, grandi. Ils avaient de la qualité et je pense qu'on ne s'est pas trop trompé dans notre recrutement. On a voulu conserver notre ossature tout en amenant quelques bons éléments.
Le Président a aussi su prendre le bon coach – René Girard – pour remplacer Roland Courbis.
As-tu été surpris Jean-Pierre par ce parcours énorme de Montpellier ?
JPC : Oui, un peu comme tout le monde. Ils ont un peu cassé les codes en étant champions mais c'est pour cela que le football est magique. Personne ne les attendait là.
Comme tu le sais nous sommes amis et je suis ravis de leur réussite. Qu'ils soient en Ligue 1 ou en Ligue 2, la famille Nicollin a toujours eu beaucoup de respect pour les moyens et les petits clubs donc c'est toujours sympa de les voir réussir. Ils ont su passer le cap de la Ligue 2, s'appuyer sur la formation, sur des cadres, et lancer une belle dynamique.
C'est vrai, Montpellier a su s'appuyer sur une ossature depuis quelques saisons, ce qui est aussi vrai pour Reims. Dans les deux cas, ça a fonctionné. C'est donc la clé pour réussir ?
JPC : La stabilité c'est toujours mieux, surtout quand c'est celle d'un groupe qui vit bien. Mais Montpellier a beaucoup plus d'avance que nous sur la formation et c'est rien de le dire.
A l'image de Reims, vous avez vécu Mr Nicollin une saison dernière absolument incroyable, racontez-nous humainement ce que vous avez ressenti, notamment lors des dernières journées...
LN : Beaucoup de bons moments mais aussi beaucoup de pression, d'angoisse, de stress, parce qu'on se dit que c'est peut-être l'année ou jamais pour toucher le graal, que ça n'arrivera peut-être plus. Je le souhaite évidemment à d'autres personnes après moi au club, mais vraiment, dans ces moments là, on sait qu'on touche du doigt quelque chose d'extraordinaire.
Avec le PSG et Lille qui revenaient fort, on se disait qu'on pouvait ne pas y arriver. Et cela aurait été un énorme regret même si terminer dans les trois premiers était en soi déjà quelque chose de formidable pour le club, d'autant qu'on avait le treizième budget de Ligue 1.
Quel regard portes-tu à froid Jean-Pierre sur ces moments que tu as vécu personnellement ces derniers mois ?
JPC : Je les ai vécus avec beaucoup de retenue. Peut-être parce que ces moments ont été longs à venir. Bien sûr, il y a eu des moments forts. Il y a une certaine fierté d'avoir réussi avec cette équipe dirigeante et avec ce groupe a emmener le Stade de Reims en Ligue 1. C'était aussi une façon de montrer que le travail de fond mené depuis des années pouvait enfin payer mais je sais que tout ceci est éphémère et que quand on est dirigeant, il y a toujours de nouvelles choses qui arrivent.
La preuve, alors que tout se passe plutôt bien et financièrement et sportivement, il a fallu gérer l'augmentation des abonnements, le départ de Cédric, celui d'Olivier maintenant. On est toujours dans la retenue car quand on passe un bon moment on sait qu'il y aura très vite d'autres épreuves à passer. Par rapport à tout cela, j'ai maintenant la tête très froide. Je ne m'emballe pas.
On a tendance à penser dans la vie que le meilleur est à venir mais dans le football ce n'est pas du tout le cas car il y a toujours des nouveaux problèmes à affronter.
Qu'est ce qu'il te manque selon toi pour que le plaisir prenne le pas ?
C'est une vraie interrogation. Avec le temps, l'argent et tout ce que l'on consacre au football, c'est difficile d'avoir un bonheur durable. Il y a certes des flashs très agréables à vivre mais cela reste des flashs.
Avec la montée, il y a eu des déclarations mais finalement, aujourd'hui, les choses n'avancent pas plus vite . Je pensais que l'accession en Ligue 1 allait être un accélérateur pour le centre de vie et malgré l'implication de beaucoup de personnes, ça n'avance pas. C'est énervant pour l'homme que je suis.
On rencontre le champion de France demain, ça au moins, je pense que c'est un vrai moment de plaisir.
Tu as raison. Contrairement aux saisons précédentes, on doit pouvoir vivre de belles fêtes à Delaune avec les équipes que l'on reçoit. C'est une grande joie d'accueillir le champion de France.
On n'a pas de pression car on sait qu'il y a deux groupes en Ligue 1. Montpellier ne joue pas dans la même partie que nous et on ne peut avoir qu'une bonne surprise. On va les recevoir avec beaucoup d'humilité mais avec la volonté de faire un bon résultat.
Pour l'anecdote j'étais au Stade de France mardi et quand j'ai vu Capoue marquer le but je me suis dit qu'il y a quelques jours on jouait contre lui à Toulouse et qu'on y faisait bonne figure. Pour nous et surtout pour les joueurs ce sont des matches très intéressants à jouer. Pour le public, ce sont de vraies belles affiches.
Mr Nicollin, vous avez un rendez-vous exceptionnel mardi prochain contre Arsenal en Ligue des Champions. C'est ce qui vous préoccupe le plus en ce moment non (rires) ?
LN : C'est vrai que ça me prend du temps pour l'organisation mais sportivement il n'y a que le match de Reims qui m'importe à l'heure actuelle. On y pensera seulement samedi matin.
Inutile de se dire du côté de Reims que vous aurez la tête ailleurs vendredi alors (rires) ?
LN : Ce n'est pas la peine, non ! On tient à donner une belle image du Champion de France à Reims (rires) ! C'est vrai que dans l'inconscient de tout le monde, on sait qu'Arsenal se profile mais on doit se recentrer sur le championnat.
Pour le Stade de Reims c'est important de recevoir le champion de France, à quelle rencontre vous attendez-vous ?
LN : Comme toute les équipes, Reims va vouloir battre le champion de France, ce qui est normal. A Reims, on est bien accueilli. On connaît la maison, le nouveau stade. On a nos habitudes, et quand on va chez des amis c'est toujours agréable. C'est un plaisir de venir chez vous et va tout faire pour réaliser un bon match.
Jean-Pierre, pour toi aussi j'imagine que c'est un plaisir d'accueillir les dirigeants de Montpellier !
Clairement oui. On s'est découvert il y a une dizaine d'années en football corpo, puis en Ligue 2, puis dans le cadre de nos fonctions dans le football. Laurent est pratiquement toujours à côté de moi aux réunions de l'UCPF. On s'apprécie énormément et on a des philosophies proches. On revendique ensemble d'être des gens de Province avec des valeurs humaines assez fortes. Cela fait partie des choses qui nous rapprochent. Oui c'est donc un vrai plaisir que de les accueillir.